Il y a quelques mois, Pierre laissait sur « Foilers ! » un message expliquant qu’il avait eu l’occasion de voir une étrange de maquette dans les locaux de l’Association des amis du musée de la marine (Ptites News 19) :
« Dans l’entrée se trouve une maquette de voilier qui date un peu et qui ressemble grossièrement à un Star. Elément intriguant : deux patins en inox reliés au pont par deux barres verticales et situés au niveau de la quille, font penser à des foils même si ils ne me semblent pas présenter de profils d’ailes. Après m’être rapidement renseigné il s’agirait d’un modèle destiné à évaluer les capacités de dégeaugage de la carène… J’ai pris quelques photos à l’aide de mon portable… Des infos sur cette maquette ?»
En étudiant les photos, on peu se rendre compte que la tringlerie sur le pont permet de régler l’incidence des patins immergés.

Mais je n’avais jamais vu auparavant ou entendu parler de cette maquette !
J’ai donc activé mon « réseau » (ça fait chic !) et demandé à mon ami historien de la plaisance Daniel Charles s’il avait déjà vu la bête : que nenni (et pourtant, il en a vu des choses !).
Daniel à donc fait fonctionner un vrai réseau en interrogeant Alain Niderlinder, le conservateur du Musée de la Marine ! Et de fil en aiguille, nous avons appris grâce à Hubert Creusat, qui a servit de lien et qui est vice président de l’AAMM, que le propriétaire de cette maquette est Philippe de Boisriou.
Voici ce que nous avons appris avec Philippe Boisrou :
« …J’y tiens beaucoup parce qu’elle m’appartient ! Je l’ai achetée au patron des voiliers du Luxembourg (j’ai un justificatif). Il y avait une médaille que le modéliste avait reçu dans je ne sais quel concours de bon niveau. La médaille a été volée alors que le bateau était en dépôt dans la boutique du musée. Il semble que cette maquette a été faite pour Tabarly. Au Nautic 2009, j’étais allé montrer des photos à l’association Tabarly. J’ai eu une réponse de Gérard Petipas : il ne m’a pas assuré que cette maquette avait été construite pour Tabarly, mais que c’était fort probable car il y avait eu un certain nombre de maquettes construites pour tester des idées de ou pour Tabarly… ».

J’ai aussi contacté mon amie Marriannick Buffard, de l’Association Eric Tabarly, pour savoir si lors de ses recherches elle avait eu l’occasion d’entendre parler de ce projet : malheureusement non !
Nous en savons donc un peu plus mais il reste tout de même une grande zone d’ombre.
Ce projet à t’il vraiment été réalisé à la demande ou pour Eric Tabarly ?
Qu’ont donnés les essais… ?
Qui en saurait plus sur cet engin… ?
Cette maquette répond à la noble ambition de faire progresser la performance d’un voilier mais une chose me dérange. Si l’action hydrodynamique peut permettre un gain de stabilité, la faible qualité du moteur (voilure plate) + surpoids (« mécanique » et section du mat) + le frein hydro donneront des qualités de navigation déplorables. La vision globale est indispensable pour ne pas chercher à gagner 5% de vitesse avec un foil et perdre 30% par ailleurs. On constate souvent cette faiblesse de la partie « couture » sur les maquettes. La voile est tout de même un « foil d’air » prépondérant !
Bonjour Jean Marie,
100% d’accord avec tes remarques, il y a d’autres détails qui peuvent déranger, le fait que le système de réglage ou l’axe des « patins » ne soient pas carénés. Je pense que c’est une vieille maquette… et le concepteur n’était peut être pas un « voileux »…
Fred
Bonsoir,
« En étudiant les photos, on peu se rendre compte que la tringlerie sur le pont permet de régler l’incidence des patins immergés »
En regardant la tringlerie de prés, je ne pense pas qu’il s’agisse du réglage d’un système permettant de faire déjauger la coque, mais plutôt et en fonction de l’amure de la maquette, de régler le patin au vent avec une incidence négative et le patin au vent avec une incidence positive.
Plutôt que de déjauger la coque, l’effet serait d’avantage de « rétablir ou de diminuer la gîte »
Bon Vent
André
Désolé…
de régler le patin au vent avec une incidence négative et le patin sous le vent avec une incidence positive.
André
Bonjour Margodenn,
Oui, je pense aussi que le but n’était pas de faire déjauger la coque, comme cela avait été présenté à Pierre Poveda par une personne du musée. Car je ne vois pas comment le réglage de l’altitude pourrait se faire. D’ailleurs, le bateau est équipé d’une quille, il serait donc assez peu logique de le faire décoller ! En effet, l’idée de base devait être d’avoir une action sur la gite. Une sorte de foil pour monocoque comme sur le projet développé par Brian Hancock et que j’avais évoqué dans la « Ptites News 16″…
http://www.brianhancock.org/speeddream.html
A bientôt
Fred
Hello,
Je suppose que vous suivez les essais de Sailrocket sur sa base de Namibie, voici encore une vidéo de malades ! Franchement, il faut avoir osé pour dessiner cet engin avec ces flotteurs lenticulaires (à l’horizontale), cette structure toute droite sortie de la palette graphique d’un designer. On dirait un dessin, un projet juste fait pour rêver et se faire plaisir à dessiner, oui mais ça marche. J’aurai aimé être à la place du journaliste de cette vidéo…
Fred
le bruit semble du foil ressemble en effet beaucoup à ce que P.Larsen décrit : une turbine se lancant avant qu’on injecte le kero…
vivement qu’ils ouvrent les gaz en grand!
bien que mon côté kiteux me dise que la tranchée namibienne est assez jolie…
Zut, la bête est cassée !
http://www.sailrocket.com/blogs
Fred
Dézinguer toute une famille de cormorans ou tenter un dérapage contrôlé en plage, fallait le faire!
Sinon (à propos de l’efficience de l’aéro) pour la maquette on remarque entre les deux séries de photos que deux focs sont tout d’abord passés sur l’étai (un bleu et un blanc) et que seul reste le blanc sur les photos de M.Boisrou. Elle ne sont pas forcément d’origine.
Sinon autre hypothèse: est-ce que ces patins ne fonctionneraient pas comme les ailettes de Australia 2? Pas vraiment comme un stabilisateur transversal…??
Hello,
Je suppose que vous suivez les essais de Sailrocket sur sa base de Namibie, voici encore une vidéo de malades ! Franchement, il faut avoir osé pour dessiner cet engin avec ces flotteurs lenticulaires (à l’horizontale), cette structure toute droite sortie de la palette graphique d’un designer. On dirait un dessin, un projet juste fait pour rêver et se faire plaisir à dessiner, oui mais ça marche. J’aurai aimé être à la place du journaliste de cette vidéo…
Fred
+1
Nous sommes tous d’accord pour dire que le concepteur de cette maquette n’as peut être jamais vu la carène d’un bateau. En regardant la tringlerie, je pense qu’il manque des pièces. La régulation d’angle des patin ce fais en fonction de la force appliqué en bout de baume. Elle coulisse et actionne le mécanisme, il semble que l’écoute passe à travers l’anneau en metal.. Mais pour que ce la ne soit pas trop on/off il faut quelque chose pour réguler. A quoi servent les 2 « chandeliers » de chaque coté?
http://imageshack.us/photo/my-images/215/maquetteboisriouphotovi.jpg/
[URL=http://imageshack.us/photo/my-images/215/maquetteboisriouphotovi.jpg/][IMG]http://img215.imageshack.us/img215/6251/maquetteboisriouphotovi.jpg[/IMG][/URL]
Uploaded with [URL=http://imageshack.us]ImageShack.us[/URL]
Gurval,
Bravo pour cette analyse.
Le propriétaire de la maquette devait me faire un petit texte expliquant son fonctionnement. Je pense qu’il a été pris par d’autres projets, si bien que je n’ai pas osé m’avancer sur le fonctionnement de l’engin.
Tu dois avoir raison, lorsque la bôme passe sur tribord, l’anneau glisse sur la barre perpendiculaire au bateau et tire sur celle-ci.
Elle remonte, puisqu’elle est articulée en son milieu.
Elle fait remonter la barre tribord (parallèle à l’axe du bateau), qui est elle aussi articulée.
De ce fait, cette dernière appui sur une tringle qui donne plus d’incidence au patin sous le vent.
Avec plus d’incidence, le patin est sensé limiter la gite sur tribord.
Inversement, le patin sous le vent est en incidence négative !
Mais alors, est ce que ce serait un mix de :
– Monitor (régulation de l’incidence du foil arrière par la force appliquée à l’écoute),
– Trifoiler (régulation de l’assiette par palpeur indépendant),
– SpeedDream (essais de foils actuellement réalisés sur monocoque) !!?
La réalisation n’est peut être pas à la hauteur des espérances, mais les idées sont bien là !!
Je n’ai pas de réponse pour les « chandeliers », mais je me demande si à leur extrémité, ils ne sont pas percés.
Peut être pour le passage des écoutes de voiles d’avant…
Je vais envoyer un mail au propriétaire de la maquette…
Et nous ne savons toujours pas qui est à l’origine de ce projet…
Fred
Bonjour,
Quand les quilles des « traines plomb » servent de foil…
« Un exemple d’évolution de la dernière génération ?
MD : « L’inclinaison de l’axe de rotation de la quille. On lève l’avant de cet axe, ce qui donne de l’incidence à la quille qui fait alors foil, ce qui revient à cabrer le bateau. Sur les plans Farr cette inclinaison était de 2 degrés, de 5 sur Safran et maintenant on est à 7,5. »
Extrait d’un Interview de Michel Desjoyaux sur http://www.vendeeglobe.org/fr/actualites/10359/le-regard-de-michel-desjoyeaux-sur-les-nouveaux-bateaux.html
Bon vent
André
Bonjour André,
Merci pour cette information que je ne connaissais pas. je vais même la reprendre dans le prochain « Ptites News » en reprenant ton message; J’espère que tu n’y vois pas d’inconvénient !
Fred
Bonjour,
Pas de problème pour l’info, je ne connaissais pas non plus ce système.
Cependant, quelle est l’efficacité…???
Le profil d’un voile de quille d’une quille classique est symétrique alors que lorsque l’on évoque les foils, il me semble que l’on parle de profil asymétrique.
Je pense d’ailleurs que sur les bateaux cités par MD, les dérives courbes et latérales ont plus un rôle de foil que les quilles dont il parle.
Mais bon, je ne suis pas vraiment renseigné sur le sujet.
Bon vent,
André
Bonjour, je suis Dominique, de Voile Rc. D’après mes infos (fiabilité 60%) ce système n’a rien à voir avec un foil et son effet sur l’assiette du bateau est accidentel : il s’agit en fait de 2 freins placés de chaque côté de la quille et qui s’actionnent indépendament en fonction de l’allure du bateau. Ainsi la tension dans la bôme actionne le patin au vent alors que le manque de tension actionne le patin sous le vent. De cette façon l’embarcation conserve théoriquement son allure.
conserve son allure dans le sens « cap », ou dans le sens « gite nulle »?
Bonjour,
Dans le sens « cap » du moins par rapport au vent. L’influence du patin sur la gîte étant + une conséquence qu’un effet recherché. Finalement ce n’est rien de plus qu’un « maxi gouvernail ».
Il y aurait donc double emploi avec le régulateur d’allures qui est à l’arrière… Celà dit que le patin au vent prenne une inclinaison négative pour permettre de lofer lors de survente ça me parait être un gros frein hydro… et un mauvais équilibrage du bateau